l’Histoire de l’Escrime

L’histoire de l’escrime se confond avec celle de la main et de l’outil. Physiquement inférieur aux animaux qui, pratiquement tous, sont dotés par la nature d’un moyen de défense (cornes, griffes, bec, mâchoires, pinces, défenses, sabots, venin, etc…), l’homme a été contraint, dès l’origine de l’humanité, de faire appel à son intelligence et à sa main afin d’inventer des armes pour subsister. Et c’est probablement par analogie avec les avantages naturels des animaux que les premières armes inventées eurent pour objet de piquer, de trancher, d’écraser. Ces armes furent successivement en bois, en pierre puis en métal. 

Les premières armes fabriquées furent la hache et l’épieu, une arme qui taille et une autre qui perce. Et le premier progrès consista à réunir sur une seule arme les propriétés de la hache et de l’épieu. On eut ainsi le sabre, et plus tard l’épée, lorsqu’on s’aperçut que les coups de pointe sont plus meurtriers que les coups de tranchant, néanmoins l’épée comporta longtemps deux tranchants. 

L’invention des armes amena tout naturellement l’homme à rechercher le parti le plus efficace à en tirer, soit au moyen d’une plus grande vigueur, soit d’une plus grande dextérité. 

Des milliers d’années

Ainsi est née l’escrime, Art de la défense et de l’attaque. Chez tous les peuples, l’étude du maniement raisonné des armes prit, très tôt, une place importante. Il fallut cependant des milliers d’années pour que la lame devint telle que nous la connaissons aujourd’hui : une sorte de longue aiguille, de la longueur du bras environ, de plus en plus légère, susceptible, dans la main de l’homme, d’être maniée avec science, vitesse et précision. 

Sur la plan technique, rappelons qu’au temps des Romains, ceux-ci mirent en pratique une escrime à deux mains, l’une tenant un bouclier servant à la défense, l’autre maniant une épée destinée à l’attaque. Armement volumineux, encombrant et lourd. Beaucoup plus tard l’embryon de l’escrime moderne naîtra dans les deux pays dont l’évolution durant le Moyen Age a été la plus florissante : l’Espagne et l’Italie. Restée toutefois stationnaire sur le plan technique en Espagne, pays auquel on doit tout de même la fabrication de la Rapière et le perfectionnement considérable des armes blanches, (la manufacture de Tolède existe encore de nos jours), ce sont, finalement, les Italiens qui établirent les bases scientifiques de l’escrime moderne. 

Pour le combat de près

Venus en France en grand nombre à la suite des Médicis, les maîtres italiens répandent une méthodes nouvelle : le volume du bouclier diminue progressivement pour être finalement abandonné ; on lui substitue le poignard, puis la dague, arme courte, offensive et défensive à la fois, mais destinée au combat « de près », le combat « de loin » étant mené à l’aide de la Rapière. 

Enfin, pour en terminer avec le perfectionnement de l’arme, un modeste fabriquant italien-dont le nom ne nous est pas parvenu… mit au point à la fin du 15ème siècle, l’Epée d’Estoc à coquille. Elle est considérée comme l’arme parfaite. Elle réunit, en effet, sur une seule arme, dans une seule main, sous le volume moins encombrant, (qui permet à son propriétaire de ne jamais s’en séparer), les éléments fondamentaux de la science des armes : la défense et l’attaque. 

Cette épée est à l’origine de notre Ecole d’Escrime. Elle lui a permis d’établir ses principes de bases ; ses caractéristiques sont sensiblement les mêmes que celles de l’épée d’aujourd’hui. Telle quelle, cependant cette arme véritable ne permettait pas la recherche sans danger de tous les coups possibles en escrime, les accidents à l’entraînement restant trop nombreux. 

Finalement, ce fut durant le 17ème siècle, l’invention d’un instrument d’étude léger, appelé fleuret puis celle du masque en treillis à la fin du 18ème siècle, par les maîtres français, qui permirent de découvrir toutes les possibilités techniques et tactiques de l’escrime et de donner aux divers mouvements toute la force et vitesse imaginables. 

L’escrime française : technique, règles et rayonnement

Officiellement,  on fait remonter la naissance de l’école Française d’Escrime en décembre 1567, époque où le Roi Charles 9 autorisa les « Maistres Joueurs et Escrimeurs d’Epée » de la ville de Paris, à se réunir en une Communauté qui prit le nom « d’Académie des Maistres en faits d’armes » de l’Académie du Roy. Mais c’est surtout durant le 19ème siècle que l’Ecole Française s’assura une réputation et un rayonnement universels par les travaux pédagogiques et les Traités de maîtres de grand talent, dont nombreux se répandirent dans le monde entier pour enseigner. 

Ayant inventé l’instrument (le fleuret), découvert sa technique, c’est à la France qu’on fit appel en 1896, lors de la rénovation des Jeux Olympiques pour définir les règles de l’Escrime sportive. A partir de cette époque, on note la disparition progressive du duel et la création de compétitions d’escrime de plus en plus nombreuses et de plus en plus fréquentées. 

Aujourd’hui, le temps n’est plus des coupe-jarrets, ni même des duellistes. On n’apprend plus à manier l’épée par nécessité, ainsi qu’il en était encore au début du siècle. A notre époque, on pratique l’escrime pour l’amour de la compétition ou pas agrément. L’assaut d’escrime n’est qu’un jeu : deux adversaires, deux volontés sont en présence-mais le combat est inoffensif et les « lois » de l’assaut sont courtoises ; la « touche » seule conditionne la victoire ; elle exige habileté et ruse pour y arriver. 

L’escrime mondiale est aujourd’hui dirigée par une Fédération Internationale (FIE) qui regroupe plus de 90 pays. Les épreuves qu’elle organise distinguent trois disciplines différentes :

  • L’épée, arme d’estoc du combat réel où les touches sont valables sur toute la surface du corps ; l’essentiel étant de donner un coup arrivant avant celui que peut porter, éventuellement l’adversaire dans un écart de 1/25ème de seconde. Si l’écart entre les deux coups est moindre, les deux tireurs sont crédités d’un coup double.
  • Le fleuret, arme d’estoc également, a un caractère conventionnel qui porte sur la surface à atteindre, (le corps seulement, les bras, les jambes et la tête étant exclus), et la manière de donner les coups. Ceux-ci doivent être autant que possible, portés alternativement par les adversaires, (et non simultanément), selon un processus qu’on a comparé à une conversation courtoise entre deux individus bien élevés, où chacun parle à son tour.
  • Enfin le sabre, arme du cavalier, également conventionnelle, permet de porter des coups de pointe mais aussi des coups de tranchant, selon des règles, et un esprit, semblables à ceux du fleuret, les surfaces valables comprenant toute la partie du corps situé au dessus de la ligne horizontale passant par le sommet des hanches, les bras et la tête étant compris dans les parties valables.